Deux options font figure de favoris pour entreprendre en solo : l’Entreprise Individuelle (EI) et la SASU. Deux cadres juridiques différents, deux visions de l’entrepreneuriat. Le choix n’est pas anodin : il pèse sur votre fiscalité, vos charges sociales, votre responsabilité, vos marges de manœuvre.
Quand opter pour l’un, quand basculer pour l’autre, combien ça coûte, quels sont les risques, et quels leviers offrent-ils pour se développer ?
On vous en dit plus.
« Le statut juridique que vous choisissez dès le départ détermine la trajectoire de votre entreprise. »
Le récap’ :
Critère | Entreprise Individuelle (EI) | SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) |
Statut juridique | Pas de personne morale | Société unipersonnelle, personnalité morale distincte |
Responsabilité | Illimitée sauf exceptions | Limitée aux apports |
Fiscalité | IR (micro ou réel) | IS par défaut, option IR possible |
Régime social | TNS (travailleur non salarié) | Assimilé salarié |
Création | Simple, peu coûteuse | Plus lourde, plus chère |
Quand choisir ? | Démarrage, CA limité, solo | Croissance, protection, embauche |
Qu’est-ce que l’EI ? (Entreprise Individuelle)
« L’EI permet de se lancer vite, avec un minimum de contraintes administratives. »
L’Entreprise Individuelle est une forme juridique dans laquelle une personne physique exerce une activité sans créer de personne morale distincte. Elle opère en son nom, engage sa responsabilité personnelle, et n’a pas de capital social à constituer. Le régime juridique est relativement simple.
Variantes / régimes
L’EI peut adopter plusieurs régimes :
- Le régime micro‑entrepreneur (anciennement auto‑entrepreneur) : seuils de chiffre d’affaires, déclarations simplifiées, comptabilité allégée.
- Le régime réel (réel simplifié, réel normal) : lorsque le chiffre d’affaires dépasse les seuils du micro, ou si l’on choisit volontairement ce régime pour d’autres raisons (optimiser les charges, amortissements, etc.).
Responsabilité
Depuis la loi du 14 février 2022 (en vigueur au 15 mai 2022), le patrimoine personnel de l’EI est automatiquement protégé (hors biens professionnels), sauf engagement de caution personnelle. L’idée de « responsabilité illimitée » reste vraie en pratique si le dirigeant ne distingue pas ou engage volontairement ses biens, mais légalement, il existe désormais une protection de base du patrimoine privé.
Fiscalité et imposition
Par défaut, l’EI est imposée à l’impôt sur le revenu (IR), dans la catégorie des bénéfices (BIC ou BNC selon l’activité). Le régime micro‑entreprise permet une imposition sur un pourcentage du chiffre d’affaires, avec abattement forfaitaire. Si vous dépassez les seuils, vous passez au régime réel : imposition sur le bénéfice réel.
Régime social du dirigeant
Le dirigeant d’une EI relève du statut de Travailleur Non Salarié (TNS). La protection sociale est plus réduite que celle des salariés : cotisations pour maladie, retraite, mais selon les régimes, pas d’assurance chômage, des prestations souvent moins complètes.
Coûts et formalités de création
La création d’une EI nécessite peu de formalités : déclaration d’activité, immatriculation, éventuellement inscription au répertoire des métiers selon l’activité. Pas de statuts, pas de capital minimum. Les coûts initiaux sont donc faibles.
Quand l’EI est-il pertinent ?
- Pour tester une activité ou un concept à faible risque financier.
- Pour un chiffre d’affaires modéré, sans fortes ambitions d’investissement ou recrutement.
- Lorsqu’on souhaite une simplicité administrative.
- Si la protection sociale ou la limitation de responsabilité ne sont pas prioritaires.
Bon à savoir :
Seuils à respecter : pour conserver le régime micro‑entreprise, il faut rester sous certains plafonds de chiffre d’affaires selon l’activité (vente / service). Dépassement = obligation de changement de régime. |
Qu’est-ce que la SASU ? (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)
« La SASU est un cadre plus structuré, pensé pour évoluer et protéger. »
La SASU est une société unipersonnelle avec un associé unique. Elle dispose d’une personne morale distincte, des statuts à rédiger, d’un capital social modulable, et elle permet de délimiter la responsabilité de l’associé au montant de ses apports.
Responsabilité
La responsabilité de l’associé unique est limitée aux apports. Le patrimoine personnel reste protégé, sauf si des garanties personnelles sont données ou si l’acte engageant le dirigeant est pris en dehors de ses fonctions normales.
Fiscalité
Au moment de sa création, une SASU est automatiquement soumise au régime de l’impôt sur les sociétés (IS). Autrement dit, ses bénéfices seront taxés suivant les règles de l’IS.
Toute société passible de l’IS doit souscrire une déclaration annuelle de résultat. Les documents à transmettre et les modalités de déclaration vont dépendre du régime d’imposition (réel normal ou réel simplifié) sous lequel la société est placée.
Régime social du président
Le président de SASU est un assimilé salarié. Cela signifie qu’il bénéficie d’une protection sociale proche de celle des salariés (maladie, retraite, etc.), mais il ne cotise pas pour l’assurance chômage sauf à souscrire une assurance privée. Les cotisations sociales sont donc plus élevées, mais la couverture est plus complète.
Formalités de création
Il faut rédiger des statuts, définir le capital social, nommer un président, publier une annonce légale, immatriculer la société via le greffe du tribunal de commerce, etc. Le capital social est librement fixé, mais certaines formalités légales existent (annonce légale, dépôt des statuts, etc.)
Coûts
Les coûts de création sont plus élevés (rédaction de statuts, annonce légale, frais de greffe, éventuellement honoraires d’un avocat ou expert‑comptable), et le fonctionnement exige des obligations comptables, sociales, parfois des audits ou bilans plus importants selon la taille. Le coût des cotisations sociales du dirigeant est également plus lourd, du fait du régime assimilé salarié.
Quand la SASU est-elle pertinente ?
- Si vous prévoyez de croître, d’investir, de recruter du personnel.
- Si vous souhaitez protéger votre patrimoine personnel.
- Si la protection sociale est importante pour vous.
- Si votre chiffre d’affaires sera élevé ou si vous envisagez d’accueillir des associés ou investisseurs.
- Si vous voulez optimiser fiscalement à plus grande échelle, notamment via IS et dividendes.
Bon à savoir :
Transformation : il est possible de transformer une EI en SASU. Cela peut avoir un coût (frais d’immatriculation, formalités, conséquences fiscales ou sociales) mais permet de bénéficier des avantages d’une société. |
Les critères clés pour faire le bon choix en 2025
Perspectives de développement & investissement : si vous comptez investir dès le départ, recruter, ou faire entrer des associés, la SASU permet une plus grande souplesse.
Niveau de chiffre d’affaires attendu : un CA modéré favorise l’EI (micro ou réel), un CA élevé rend la SASU plus rentable malgré les coûts.
Besoin de protection du patrimoine personnel : responsabilité limitée en SASU, protection dans l’EI possible, mais plus conditionnée.
Besoin de protection sociale / statut du dirigeant : si vous voulez une couverture maladie/retraite proche de celle d’un salarié, la SASU est préférable.
Volonté d’accueillir des associés ou de faire évoluer le statut : SASU permet de passer à SAS, EI nécessite transformation complète.
Simplicité administrative vs structuration / accompagnement : l’EI est simple ; la SASU nécessite souvent conseil juridique ou expert‑comptable.
Comment passer de l’EI à la SASU ?
« La bascule EI → SASU se prépare : c’est une évolution, pas une formalité. »
Transformer une entreprise individuelle (EI) en société peut répondre à des objectifs économiques, juridiques, fiscaux ou sociaux. Deux options existent :
- Apport du patrimoine professionnel : l’entrepreneur transfère son activité à la société sous forme d’apport. Celui-ci alimente le capital social et donne en échange des droits d’associé (vote, dividendes).
- Cession du patrimoine professionnel : l’entrepreneur vend son fonds de commerce à la société nouvellement créée. Celle-ci peut financer l’achat par emprunt bancaire, remboursé grâce aux bénéfices futurs. Cette formule permet à l’entrepreneur de percevoir immédiatement de la trésorerie, mais n’est envisageable que si l’activité est suffisamment rentable pour rassurer les banques.
Le bon moment : souvent lorsque le chiffre d’affaires augmente, que l’on prévoit de recruter ou de se structurer davantage.
Se faire accompagner dans son choix : le rôle de la CCI Nice Côte d’Azur
Vous hésitez encore ? La CCI Côte d’Azur vous propose des solutions pour faire le bon choix :
- Choisir son statut juridique : l’outil pour comparer EI, SASU, SARL, EURL… avec des critères objectifs : fiscalité, charges, protection, évolution.
- Formalités de création d’entreprise: des conseillers pour vous accompagner pas à pas dans vos démarches, vous aider à rédiger vos statuts, choisir votre régime, immatriculer votre société.
Ce que vous y gagnez :
- Un accompagnement personnalisé,
- Des ateliers/formations pratiques en présentiel ou à distance,
- Un accès à un réseau local,
- Des conseils adaptés à votre projet,
- Des experts du tissu local
Le récap : les étapes à retenir
- L’EI offre simplicité maximale, coûts initiaux réduits, idéale pour démarrer ou avoir un CA modeste.
- La SASU permet de protéger le patrimoine personnel, offre une meilleure protection sociale, et est plus adaptée en cas de croissance ou d’investissement.
- La responsabilité en SASU est limitée ; en EI, elle est illimitée sauf protections spécifiques.
- Le régime fiscal et social différent : IR vs IS, TNS vs assimilé salarié.
- Si vous envisagez de faire entrer des associés, investir, recruter, la SASU donne des leviers que l’EI n’a pas.
- Transformer une EI en SASU est possible, mais cela comporte des coûts, des formalités, et doit être fait au bon moment.
FAQ : Tout savoir sur l’entreprise individuelle ou SASU
Peut-on cumuler emploi salarié et EI ou SASU ?
Oui, c’est possible, sous certaines conditions :
- En EI, vous pouvez cumuler avec un CDI ou CDD, mais certaines conventions collectives ou clauses de non-concurrence peuvent l’interdire.
- En SASU, le président non rémunéré peut cumuler sans problème. S’il est rémunéré, il doit respecter les règles de cumul emploi/dirigeant (notamment vis-à-vis du temps de travail et du droit du travail).
Y a-t-il des aides spécifiques selon le statut choisi ?
Non, les aides ne dépendent pas directement du statut juridique, mais du profil du créateur (demandeur d’emploi, bénéficiaire du RSA, jeune, senior…) et du type de projet. Toutefois, certains dispositifs comme l’ACRE (exonération partielle de cotisations sociales) sont plus automatiques en micro-entreprise. En SASU, il faut en faire la demande dans un délai strict.
Puis-je embaucher un salarié en EI ?
Oui, une entreprise individuelle peut embaucher des salariés, y compris en micro-entreprise. Ce n’est pas réservé aux sociétés. Mais attention :
- Le coût du travail s’ajoute aux cotisations personnelles du dirigeant,
- Il faut être prêt à gérer une paie, des déclarations sociales, un contrat de travail, etc.
Quelle est la structure la plus simple à transmettre ?
La SASU, sans hésitation. En EI, l’entreprise est indissociable de la personne : sa vente ou sa transmission est complexe. En SASU :
- Vous pouvez vendre les actions,
- Ou transmettre la société par donation ou succession,
- Sans modifier les contrats ou l’immatriculation.
C’est un vrai plus si vous préparez un relais familial, une cession future, ou un partage d’héritage.
Peut-on avoir des locaux ou du matériel au nom de l’EI ?
Oui, mais attention à la confusion des patrimoines. En EI, tout est au nom du dirigeant : les locaux, les équipements, même le compte bancaire peuvent ne pas être distincts. Cela pose problème en cas de litige, de revente ou de contrôle.
En SASU, tous les actifs appartiennent à la société, ce qui clarifie la situation juridiquement et fiscalement.
Quelle forme est la plus facile à fermer ?
L’EI, sans conteste. Il suffit de :
- Faire une déclaration de cessation d’activité (en ligne ou via le guichet des formalités),
- Régulariser vos dernières obligations fiscales et sociales.
Pour une SASU, la fermeture est plus lourde :
- Il faut dissoudre, liquider, publier une annonce légale, passer par le greffe, etc.
- Des frais sont à prévoir.
La SASU peut-elle bénéficier du régime micro-entreprise ?
Non. Le régime micro‑entrepreneur est exclusivement réservé aux Entreprises Individuelles. Une SASU, même si elle ne réalise que quelques centaines d’euros de chiffre d’affaires, est soumise au régime réel avec comptabilité complète et obligations sociales.
Peut-on transformer une SASU en société avec plusieurs associés ?
Oui, très simplement. Il suffit d’ouvrir le capital à un ou plusieurs nouveaux associés. La SASU devient alors SAS (Société par Actions Simplifiée) sans changement de numéro SIREN ni de statut social du président. Un atout important si vous envisagez un développement collectif.