EURL ou SASU : c’est l’une des premières questions que se posent les entrepreneurs individuels au moment de créer leur société. Deux formes juridiques unipersonnelles, deux visions de l’entrepreneuriat en solo et des implications concrètes très différentes.
Le choix du statut juridique n’est pas anodin. Il conditionne le régime social du dirigeant, la fiscalité de l’entreprise et sa capacité à évoluer !
Le récap’ :
Critère | EURL | SASU |
Régime social | TNS – moins cher, moins protégé | Assimilé salarié – plus coûteux, mieux protégé |
Fiscalité | IR (option IS possible) | IS (option IR 5 ans possible) |
Dividendes | IR/IS classique + charges TNS | Flat tax 30 %, pas de charges |
Charges sociales | ≈ 45 % du net | ≈ 82-85 % du net |
Souplesse | Cadre rigide (SARL) | Statuts très libres |
Idéal pour | Rentabilité immédiate | Croissance, levée de fonds |
Panorama des statuts unipersonnels – EURL et SASU ?
EURL : le cadre sécurisé du travailleur indépendant
L’EURL, variante unipersonnelle de la SARL, est un statut très apprécié des entrepreneurs individuels qui souhaitent sécuriser leur activité tout en gardant une maîtrise de leurs charges. Juridiquement, il s’agit d’une société à responsabilité limitée composée d’un seul associé. Cela signifie que votre responsabilité financière est limitée au montant de vos apports : votre patrimoine personnel reste à l’abri des aléas professionnels, sauf en cas de faute de gestion avérée.
Sur le plan fiscal, l’EURL est par défaut soumise à l’impôt sur le revenu (IR). Une option pour l’impôt sur les sociétés (IS) est néanmoins possible, permettant de bénéficier d’une fiscalité sur les bénéfices plus avantageuse à certains paliers, notamment si vous réinvestissez vos gains dans la société.
Côté social, le dirigeant est affilié au régime des travailleurs non-salariés (TNS), ce qui permet de réduire significativement le coût des cotisations (environ 46 % du revenu net), au prix d’une protection sociale plus restreinte. Une complémentaire santé/retraite est donc souvent indispensable.
SASU : liberté statutaire et protection optimale
La SASU est une société par actions simplifiée composée d’un seul associé. C’est la forme juridique la plus utilisée par les créateurs depuis 2020, notamment pour les projets à fort potentiel de croissance, ceux prévoyant l’entrée d’investisseurs ou des évolutions structurelles rapides.
Contrairement à l’EURL, le président d’une SASU est assimilé salarié, ce qui le rattache au régime général de la Sécurité sociale (comme un cadre salarié). C’est un vrai plus en matière de protection maladie, maternité, retraite, mais cela se paie : les charges sociales atteignent environ 85 % du revenu net.
Sur le plan fiscal, la SASU est imposée à l’IS par défaut. Une option IR est possible pendant 5 ans sous conditions. Les dividendes distribués sont soumis à la flat tax de 30 %, ce qui simplifie grandement la gestion financière en cas de revenus mixtes.
Les statuts de la SASU sont souples : vous définissez librement les règles d’organisation, les pouvoirs du président, les modalités de cession, etc. Cela en fait une forme idéale pour anticiper des évolutions capitalistiques futures.
Le saviez-vous ?
Changer de statut est possible ! Il est possible de transformer une EURL en SASU (et inversement) sans fermer l’entreprise ni perdre l’antériorité juridique. Cette opération, appelée transformation, permet d’adapter la structure à l’évolution de votre activité ou de vos besoins (par exemple, en vue d’accueillir de nouveaux associés). |
Critères de comparaison détaillés : EURL ou SASU ?
Le choix entre EURL et SASU ne repose pas seulement sur des préférences personnelles. Il engage votre stratégie financière, sociale et fiscale. Chaque critère doit être examiné avec précision.
Régime social
- En EURL, le gérant est travailleur non salarié (TNS). Les cotisations sociales sont calculées sur la base de la rémunération perçue, avec un taux d’environ 45 % du net.
- En SASU, le président est assimilé salarié, même s’il n’est pas couvert par l’assurance chômage. Il dépend du régime général, avec un taux de charges entre 82-85% du net.
Protection sociale
- TNS = couverture de base : moins bonne indemnisation en cas de maladie ou maternité, retraite moins avantageuse.
- Assimilé salarié = couverture comparable à celle d’un salarié cadre : retraite complémentaire, indemnités journalières plus élevées, meilleure prévoyance.
Fiscalité et dividendes
- EURL : soumise par défaut à l’IR, ce qui permet une imposition directe chez l’associé unique. Option possible à l’IS.
- SASU : à l’inverse, soumise par défaut à l’IS, avec possibilité d’opter pour l’IR pendant 5 exercices maximum.
Concernant les dividendes, l’EURL est soumise au régime classique de distribution après IS (ou IR si pas d’option). La SASU applique directement la flat tax de 30 %, ce qui facilite la gestion en cas de revenus variables.
Capital minimum
- En EURL, vous devez libérer 20 % des apports en numéraire à la création.
- En SASU, le minimum légal reste symbolique, mais 50 % du capital numéraire doit être libéré à la constitution.
Rédaction des statuts
- EURL = cadre strict de la SARL : peu de souplesse, mais simplicité et sécurité juridique.
- SASU = liberté totale de rédaction : tout est modulable, y compris les modalités de prise de décision, les pouvoirs du président, etc. En contrepartie, cela demande une rédaction rigoureuse et souvent l’appui d’un professionnel.
Enjeux fiscaux et sociaux : le poids réel sur votre rémunération
Prenons un cas concret : vous souhaitez vous verser 30 000 € nets/an.
Statut | Revenu net souhaité | Coût total pour l’entreprise | Taux de charges |
EURL | 30 000 € | ≈ 55 500 € | ≈ 45 % |
SASU | 30 000 € | ≈ 80 000 € | ≈ 82-85 % |
La SASU offre une meilleure couverture, mais l’EURL préserve votre trésorerie.
Dividendes : 2025 change la donne
Depuis la réforme, la flat tax de 30 % s’applique aux dividendes, y compris ceux versés dans le cadre d’une SASU. Ce dispositif devient intéressant lorsque l’associé ne se verse pas de rémunération fixe ou cherche à optimiser ses revenus en fin d’exercice.
- En EURL, les dividendes versés au gérant majoritaire sont partiellement soumis aux charges sociales TNS.
- En SASU, ils échappent aux charges sociales, mais restent soumis à la flat tax (12,8 % d’IR + 17,2 % de prélèvements sociaux).
Quand privilégier chaque statut ?
Le choix entre EURL ou SASU ne repose pas sur un « bon » ou « mauvais » statut, mais sur l’adéquation entre les besoins spécifiques de l’entrepreneur et les caractéristiques juridiques et sociales de chaque forme.
Choisir l’EURL si vous priorisez la simplicité et la rentabilité
L’EURL est recommandée pour les entrepreneurs souhaitant maîtriser leurs charges, sans avoir besoin d’une protection sociale étendue. C’est le cas, notamment, des activités artisanales, libérales ou commerciales classiques, où la priorité est de dégager un revenu stable et net rapidement.
✔ Vous êtes seul et ne prévoyez pas d’intégrer d’associés.
✔ Vous êtes à l’aise avec un statut de TNS.
✔ Vous souhaitez réduire vos charges sociales.
✔ Vous pouvez souscrire des contrats privés de santé et retraite.
Choisir la SASU si vous cherchez flexibilité et protection
La SASU est le statut de choix pour les créateurs qui souhaitent bâtir un projet souple, évolutif et sécurisé socialement. Elle est particulièrement adaptée pour les entrepreneurs du numérique, les consultants, les indépendants à forte valeur ajoutée ou ceux qui prévoient une levée de fonds future.
✔ Vous voulez une protection sociale proche du salariat.
✔ Vous anticipez une distribution de dividendes.
✔ Vous visez une levée de fonds ou l’entrée d’associés.
✔ Vous avez besoin de statuts sur mesure.
Le saviez-vous ?
La SASU est devenue la forme de société la plus choisie par les créateurs d’entreprise en France depuis 2020 : au 1ᵉʳ trimestre 2025, plus d’une création de société sur trois est une SASU ou SAS, loin devant la SARL/EURL. |
Les solutions de la CCI Côte d’Azur pour vous aider à choisir entre EURL ou SASU
Face à ces choix, la CCI Côte d’Azur vous propose un accompagnement sur-mesure pour évaluer, créer et sécuriser votre société, qu’elle soit en EURL ou en SASU.
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FAQ – Tout comprendre sur le choix entre EURL et SASU
Qui paie les cotisations sociales dans chaque cas ?
- EURL : c’est le gérant TNS qui déclare et paie ses cotisations directement à l’URSSAF.
- SASU : les cotisations sont prélevées via le bulletin de paie, comme pour un salarié. L’entreprise paie les charges à l’URSSAF régime général.
Un président de SASU peut-il bénéficier du chômage ?
Non. Le président de SASU, même assimilé salarié, n’est pas éligible à l’assurance chômage (sauf s’il cumule un contrat de travail distinct avec un vrai lien de subordination, ce qui est très rare en solo).
Peut-on cumuler dividendes et rémunération ?
Oui, en SASU comme en EURL, vous pouvez vous verser à la fois une rémunération et des dividendes. En SASU, cette stratégie est souvent utilisée pour optimiser les charges sociales (en limitant le salaire et favorisant les dividendes soumis à flat tax).
Quel est le statut le plus avantageux fiscalement ?
Cela dépend de vos objectifs :
- Si vous souhaitez vous verser un salaire régulier, l’EURL avec IR peut être plus rentable à court terme.
- Si vous ne vous rémunérez pas immédiatement et prévoyez de vous verser des dividendes, la SASU avec IS + flat tax est souvent plus avantageuse.