Créer son entreprise en 2025 implique un choix stratégique : SAS ou SASU ?
Si la forme juridique ne fait pas tout, elle conditionne cependant la gouvernance, la fiscalité, le régime social du dirigeant et la capacité à évoluer. Ce dilemme n’est pas seulement administratif, il engage aussi des conséquences opérationnelles pour tout entrepreneur.
Dans un contexte économique marqué par l’incertitude et une législation qui continue d’évoluer, choisir entre SAS et SASU demande une vraie réflexion. Car derrière ces sigles voisins, ce sont deux dynamiques entrepreneuriales distinctes qui s’offrent à vous.
Le récap’ :
Critère | SASU | SAS |
Nombre d’associés | 1 seul | 2 ou plus |
Prise de décision | Unilatérale, pas d’AG | Assemblées générales nécessaires |
Pacte d’actionnaires | Non pertinent | Fortement recommandé |
Flexibilité statutaire | Très élevée | Très élevée |
Cotisation sociale | Président assimilé salarié | Président assimilé salarié |
Évolution | Vers SAS possible facilement | Intègre déjà plusieurs associés |
Définitions & cadre juridique : SAS et SASU
Qu’est-ce qu’une SAS ?
La Société par Actions Simplifiée (SAS) est une société de capitaux offrant une très grande liberté contractuelle. Le capital social est librement fixé par les statuts, avec un plancher symbolique de 1 €. Ce type de structure séduit les projets à plusieurs associés souhaitant bâtir une organisation sur-mesure.
La SAS repose sur une responsabilité limitée aux apports. En d’autres termes, les associés ne sont pas personnellement tenus des dettes de la société. Cette caractéristique rassure et facilite l’investissement. La rédaction des statuts est cependant un exercice délicat : leur souplesse implique une rigueur juridique dès le départ pour encadrer les pouvoirs et anticiper les conflits.
Qu’est-ce qu’une SASU ?
La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) est une SAS à associé unique. Elle bénéficie du même cadre juridique que la SAS : statuts librement rédigés, capital minimal de 1 €, responsabilité limitée. Elle constitue une option de choix pour les entrepreneurs en solo souhaitant évoluer dans un cadre juridique souple, tout en conservant la possibilité d’accueillir des associés plus tard.
En pratique, la gestion d’une SASU est simplifiée : aucune assemblée générale n’est requise, la prise de décision est unilatérale, et le formalisme est allégé. L’évolution vers une SAS reste simple : cession de parts ou augmentation de capital avec intégration de nouveaux associés.
Points communs SAS/SASU
Sur le plan réglementaire, la SAS et la SASU relèvent du même corpus juridique, le Code de commerce. Les deux formes permettent une gouvernance personnalisée via des statuts sur-mesure.
Le président, qu’il soit unique ou désigné par des associés, est assimilé salarié. Ce régime social permet de cotiser au régime général, mais sans assurance chômage. C’est un élément structurant à anticiper dès la phase de création.
Enfin, dans les deux cas, la responsabilité des dirigeants est limitée aux apports. Cela garantit une protection du patrimoine personnel, sous réserve d’une gestion conforme à la loi.
Différences clés
Nombre d’associés & gouvernance
La SASU se distingue par sa simplicité de gouvernance : l’associé unique prend seul les décisions, sans obligation d’AG ni formalisme particulier. En revanche, la SAS, dès lors qu’elle regroupe plusieurs associés, impose la tenue d’assemblées générales, la rédaction d’un pacte d’actionnaires et des procédures de décision collectives.
Flexibilité et capital
La SASU est idéale pour démarrer seul. Elle est agile, évolutive, et peu contraignante au lancement. La SAS, elle, est taillée pour l’ouverture du capital, l’intégration de profils complémentaires (compétences, financements), et la structuration de la croissance.
Coût et formalités
La création d’une SAS ou SASU implique les mêmes étapes : rédaction des statuts, dépôt de capital, publication dans un journal d’annonces légales, et immatriculation via le guichet unique. En 2025, les frais d’annonces légales ont légèrement augmenté, ce qui impacte marginalement les coûts de constitution.
Transformation SASU → SAS
Le passage de SASU à SAS est simple et encadré : il suffit d’accueillir un ou plusieurs associés via une cession d’actions ou une augmentation de capital. Les formalités comprennent la mise à jour des statuts, un procès-verbal de décision, et une nouvelle annonce légale.
À noter : Le passage de la SASU à la SAS peut également résulter d’une succession suite au décès de l’actionnaire unique.
Avantages & inconvénients
SASU
✅ Prise de décision rapide, autonomie complète.
✅ Protection du patrimoine personnel.
⚠️ Cotisations sociales significatives en cas de rémunération.
⚠️ Moins pertinente pour un projet collectif ou une levée de fonds.
SAS
✅ Adaptée à la croissance et aux partenariats.
✅ Gouvernance structurée, répartition des rôles et des risques.
⚠️ Gestion plus lourde (assemblées, pacte d’associés, éventuel CAC).
⚠️ Coûts indirects plus élevés.
Chiffres & repères 2025
L’environnement réglementaire et fiscal de 2025 confirme plusieurs tendances déjà amorcées, tout en introduisant des ajustements pratiques pour les créateurs d’entreprise. Ces repères chiffrés doivent être intégrés dès la phase de réflexion, car ils influencent directement la rentabilité et les obligations futures.
· Fiscalité : stabilité du taux normal, vigilance sur les conditions du taux réduit
Le taux normal de l’impôt sur les sociétés reste fixé à 25 %, applicable par défaut à toutes les SAS et SASU. Il s’agit d’un taux standardisé au niveau européen qui offre lisibilité et stabilité fiscale. Toutefois, les entrepreneurs individuels ont la possibilité, sous conditions, d’opter pour l’impôt sur le revenu (IR) pendant les cinq premières années. Ce régime peut être intéressant en cas de faibles bénéfices ou d’autres revenus personnels importants à déduire.
Par ailleurs, un taux réduit de 15% sur les premiers 42 500 € de bénéfices : Ce taux s’applique aux PME dont le chiffre d’affaires hors taxe est inférieur à 10 millions d’euros et dont le capital est entièrement libéré et détenu à au moins 75% par des personnes physiques (ou une société respectant ce critère). Cette mesure est en vigueur depuis le 1er janvier 2023 et confirmée pour 2025.
Le saviez-vous ?
Le crédit d’impôt recherche (CIR) est un dispositif fiscal majeur pour les SASU innovantes, permettant de déduire jusqu’à 30% des dépenses de recherche et développement. |
· Capital social : 1 €, mais avec nuances
Depuis plusieurs années, le capital social minimum est fixé à 1 € pour les SAS comme pour les SASU. Ce seuil symbolique vise à démocratiser l’accès à l’entrepreneuriat. Néanmoins, dans les faits, il est souvent stratégique d’apporter un capital plus conséquent, ne serait-ce que pour rassurer les partenaires financiers ou commerciaux. Une société dotée d’un capital crédible inspire confiance et ouvre plus facilement la porte à certains financements bancaires.
· Formalités : guichet unique et simplification numérique
L’immatriculation des sociétés passe désormais par le guichet unique de l’INPI, plateforme numérique centralisée lancée officiellement en 2023. Cette réforme vise à simplifier les démarches administratives : dépôt des statuts, enregistrement au RCS, choix des options fiscales et sociales…
· Coût de constitution : attention aux annonces légales
En 2025, une hausse des tarifs d’annonces légales est entrée en vigueur au mois de février. Le coût d’une création d’entreprise augmente donc légèrement, en particulier dans les départements où le prix à la ligne a été revalorisé. Pour une SAS, il faut aussi prévoir des frais additionnels liés à la publication d’assemblées ou de modifications statutaires. La SASU reste donc plus économique à court terme, mais ces écarts peuvent s’estomper à mesure que l’activité se développe.
Prix d’une annonce légale pour création d’entreprise :
Forme juridique | Tarif HT de tous les départements (hors La Réunion et Mayotte) | Tarif HT de La Réunion et Mayotte |
SASU | 141 € | 165 € |
SAS | 197 € | 231 € |
En résumé – Quelle forme choisir : SAS ou SASU ?
Entre SAS ou SASU, il n’existe pas de réponse universelle. Le choix dépend d’abord de votre situation personnelle, de votre projet, et de vos ambitions de croissance. Ce n’est pas qu’une affaire de nombre d’associés, mais bien de gouvernance, de stratégie de développement, et de rapport au risque !
→ SASU : autonomie, réactivité, évolutivité
Pour un entrepreneur individuel, sans volonté immédiate de s’associer, la SASU offre un cadre plus souple. Vous prenez seul les décisions, sans avoir à réunir d’assemblée ni à justifier vos choix. Ce modèle permet aussi une grande réactivité dans les prises de décision, un atout dans les phases de démarrage. Et surtout, il est toujours possible d’évoluer vers une SAS en intégrant d’autres associés : cette transition est simple, rapide et encadrée légalement.
→ SAS : vision collective, levée de fonds, structuration
À l’inverse, si vous prévoyez un projet porté à plusieurs, ou si vous comptez faire appel à des investisseurs, la SAS s’impose naturellement. Elle permet une répartition des pouvoirs, une gouvernance sur-mesure via un pacte d’associés, et offre un cadre idéal pour accueillir de nouveaux actionnaires. Certes, les obligations juridiques sont plus nombreuses, mais elles garantissent une plus grande sécurité en cas de litiges ou de divergences stratégiques.
Un choix évolutif et stratégique
Dans les deux cas, la flexibilité est au rendez-vous. Vous pouvez commencer en SASU, tester votre modèle économique, puis basculer en SAS au moment opportun. L’essentiel est de prévoir l’évolution de votre projet dès la création, afin d’éviter des ajustements précipités ou coûteux par la suite.
“Les tendances fiscales 2025 incluent une attention accrue à la fiscalité verte et aux incitations pour les pratiques durables, ainsi qu’une harmonisation internationale des taux d’imposition pour les multinationales.” (Source)
Les solutions de la CCI Nice Côte d’Azur
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Ce que vous propose la CCI Côte d’Azur :
- Ateliers gratuits : pour comprendre les implications de chaque statut juridique, fiscale et sociale.
- Aide sur-mesure : rédaction des statuts, choix du régime fiscal, formalités de dépôt de capital, immatriculation via le guichet unique : connaître les formalités d’entreprise, être accompagné pour le choix de son statut juridique …
- Conseils stratégiques : simulations de charges, fiscalité adaptée à votre situation, optimisation du statut du dirigeant.
- Suivi post-création : formations entrepreneuriales, accès à des réseaux d’affaires, accompagnement à la levée de fonds.
FAQ – SAS ou SASU en 2025
Peut-on transformer une SAS en SASU si un associé se retire ?
Oui, la transformation inverse – de SAS à SASU – est juridiquement possible. Si tous les associés cèdent leurs actions à une seule personne, la société devient automatiquement une SASU. Cette mutation doit être constatée par un procès-verbal, suivie d’une mise à jour des statuts, et d’une publication dans un journal d’annonces légales. Attention toutefois : certaines clauses du pacte d’associés (clause d’agrément, préemption) peuvent encadrer la cession.
Peut-on cumuler le statut de président d’une SAS(U) avec un contrat de travail ?
Oui, mais sous conditions strictes. Le contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif, distinct de vos fonctions de direction, avec un lien de subordination réel vis-à-vis de la société. En pratique, cela est rarement admis en SASU, puisque l’associé unique est aussi le président. En SAS, cela peut se concevoir, mais attention : les Urssaf contrôlent régulièrement ce type de montage.
Une SASU peut-elle faire une levée de fonds ?
Techniquement non, car une SASU n’a qu’un seul associé. Mais elle peut évoluer très facilement vers une SAS en intégrant de nouveaux actionnaires. Cette bascule permet ensuite de structurer une levée de fonds via une augmentation de capital ou une émission d’actions préférentielles. Cette stratégie est fréquente dans les startups : commencer seul en SASU, puis ouvrir progressivement le capital.
Quel est l’intérêt réel d’un pacte d’associés en SAS ?
Le pacte d’associés, bien que non obligatoire, est un outil stratégique majeur. Il permet de fixer les règles du jeu entre les associés : clauses de sortie, répartition du pouvoir, non-concurrence, gouvernance, droits de veto, etc. En l’absence de pacte, seul le droit des sociétés et les statuts s’appliquent, ce qui peut s’avérer lacunaire ou rigide en cas de désaccord. Le pacte complète les statuts dans une logique de prévention des conflits.
Le président d’une SASU est-il vraiment assimilé salarié ?
Oui, mais avec une nuance de taille : le président d’une SASU relève du régime général uniquement s’il est rémunéré. S’il ne perçoit aucune rémunération, aucune cotisation sociale n’est due. Ce régime peut donc être optimisé dans les premières années, notamment si l’entrepreneur conserve d’autres revenus. Attention toutefois à la couverture sociale quasi inexistante en l’absence de cotisations.
Y a-t-il des aides spécifiques pour les SASU en 2025 ?
Oui. Outre les dispositifs classiques (ACRE, ARCE, Pôle emploi), la SASU peut bénéficier du crédit d’impôt recherche (CIR) si elle engage des dépenses de R&D. Ce levier fiscal, souvent sous-utilisé par les petites structures, permet de récupérer jusqu’à 30 % des dépenses engagées, sous conditions. De plus, les régions et Bpifrance soutiennent activement les jeunes entreprises innovantes, même unipersonnelles.
SAS ou SASU : comment anticiper une cession d’entreprise ?
Une SAS est plus lisible pour un acquéreur, surtout en cas de pacte structuré et de gouvernance claire. Mais une SASU est plus facile à céder dans les faits, car la totalité des actions est détenue par un seul actionnaire. La cession se fait donc en bloc, par simple transfert de titres. En cas de succession, la SASU peut également se transformer automatiquement en SAS.